Par Michel HUSSON (Paru dans le monde diplomatique – Avril 2007)
Impossible pour les candidats à la présidentielle française, quelle que soit leur étiquette, d’ignorer la question sociale. Les données officielles sur le chômage contredisent à ce point les déclarations triomphales du gouvernement (dont l’un des candidats est issu) qu’elles n’ont pas été publiées avant l’échéance électorale. Et les plans de suppressions d’emplois, qu’on appelle abusivement « plans sociaux », se multiplient, comme par exemple dans le groupe franco-américain Alcatel-Lucent ou dans le groupe aéronautique Airbus. Sans parler des employés des sous-traitants… Voilà des salariés qui aimeraient travailler plus. En fait, avec la flexibilité, le sous-paiement des heures supplémentaires, le recul de l’âge de départ à la retraite (en augmentant le nombre d’annuités nécessaires), les salariés vont travailler plus et gagner moins, alors que la France est déjà un pays de bas salaires. Elle n’a pas l’exclusivité de cette situation insoutenable socialement et dangereuse économiquement : on compte seize millions de bas salaires dans l’Union européenne. Drôle de façon de défendre la « valeur travail ».